Transmissions, Revue française de Psychanalyse, tome LXXVIII, 2, Paris, PUF, 2014, ISBN 978-2-13-062934-4, p. 317-522.
Transmissions au pluriel car la transmission peut être envisagée sous différentes facettes. Depuis la nuit des temps, il y a transmission. L’histoire très touchante de la bibliothèque d’Alexandrie jusqu’à la Bibliothèque Sigmund Freud en est un exemple. Autant sur le plan phylogénétique qu’ontogénétique la transmission se fait sans rupture ce qui réfute le meurtre du père de la horde primitive. La transmission doit avoir sa place dans la théorie psychanalytique.
La transmission dans le domaine analytique est paradoxale car la rencontre avec le psychisme inconscient n’est pas transmissible ; par contre ; la théorie et la méthode sont, elles, transmissibles. Il y a intrication entre, d’une part l’intransmissible dans la transmission et d’autre part une surtransmission de ce qui résiste à la transmission par retour du trauma. L’analyse offre la possibilité de rejouer la transmission par identification. Les difficultés d’historisation dans notre monde contemporain sont liées à un rapport modifié de la temporalisation affectant cette identification. Les scénarios fantasmatiques cherchent à se répéter que seule une élaboration psychique individuelle est susceptible d’arrêter. Cependant, transmission ne consiste pas dans la répétition immuable du même mais en l’introduction d’une différence. Cet écart est à l’origine de la créativité du processus de transmission, qui lui permet de rester vivante. La transmission est bidirectionnelle aussi bien entre patient et analyste qu’entre ascendant et descendant.
L’analyste, influencé par sa propre cure et par la théorie psychanalytique, en transmet quelque chose au patient. Le substrat de cette transmission psychique est l’investissement libidinal et l’éveil d’endoperceptions. Dans la situation analytique, un contact ou une expérience avec la zone psychique indifférenciée est à l’origine d’une transmission transformatrice psychique.
La puissance de la transmission peut être relevée dans un groupe interanalytique et par là, conduire à un changement psychique dans la situation analytique. La psychanalyse a influencé la psychiatrie, et plus particulièrement par le concept de l’homme psychique. C’est ainsi que, malgré les modifications sociétaires, le travail psychique partagé peut garder sa valeur et son influence en psychiatrie.
Publié le 16 juillet 2015